• Contractions

     

    Contractions

     

    Je finis par croire que j’ai tout inventé. Peut-être qu’au fond, j’ai tout faux. Peut-être que je me suis raconté une histoire sans réalité, une histoire qui n’existe que pour moi et que je projette sur nous deux. Peut-être que je suis folle.

    « Mais non, c’est dans ta tête ! »

    Combien de fois ai-je entendu cette phrase dans ma vie ?

    « Mais non, tu te fais des idées ! »

    Combien de foi il faut pour tenir tête au déni.

    Peut-être que oui, je suis une menteuse, une affabulatrice, une perchée. On me l’a tellement répété. Finalement, pourquoi croire à ma version plutôt qu’à celle validée par tant d’autres ?

    Et pourtant, ce que je sens, je le sens.

    Je sens dans tout mon corps quelque chose que même l’autosuggestion ne peut ni expliquer, ni provoquer.

    Je ne peux pas nier cette réalité tellement elle est concrète, physique.

    Je ne peux pas ignorer que tous les jours, souvent aux mêmes heures, mon cœur se met à battre comme un fou.

    Que deux fois de suite, c’était même tellement fort qu’il m’a réveillée en pleine nuit et qu’en allumant mon téléphone, j’ai vu que tu venais d’allumer le tien. Quelle est la probabilité de se réveiller en même temps à 3h du matin ??

    Je sens que tu es là, tout près.

    Je sens tes émotions une à une, avec une précision et une puissance à couper le souffle.

    Je sens que je lis ton âme comme un livre familier et que tu lis la mienne avec la même limpidité.

    Je sens que tu es informé, d’une manière invisible, de tout ce qui me traverse, de tout ce qui m’impacte, de tout ce qui me hante ou m’élève. Je sens que chacun de nous réagit aux vécus de l’autre comme des harmoniques entrent en résonance : inévitablement, intensément, immensément.

    Quand nous sommes accordés, la musique qui se joue est merveilleuse. D’une pureté, d’une fluidité, d’une grâce, comme jamais je n’en ai entendues.

    Quand nous sommes désaccordés, un chaos absolu m’envahit et me tire par le fond. Je perds pied, je n’arrive plus à respirer, je lutte pour maintenir scellées mes portes et ne plus ressentir cette vibration atroce.

    N’importe quel musicien sait que pour jouer ensemble, il faut s’accorder.

    Comment s'accorder sans communiquer ?