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    INTerwiew

      

    pour le journal scolaire par la classe de CE2 de Mme Tchanilé (2011),

    école Elie Reumaux (Freyming-Merlebach, Moselle, France).

     

    Ci-dessous l'équipe des reporters (8-9 ans)

    ... à la langue bien pendue !

       

      

    CE2 photo de classe

       

    Comment êtes-vous devenue auteur ?

     

    Je ne le suis pas « devenu », je pense que je l’ai toujours été au fond de moi… Quand j’étais petite et que je ne savais pas encore écrire, j’inventais des histoires dans ma tête avant de m’endormir. J’en inventais aussi quand je jouais avec mon frère. Mon imagination était toujours en action… et ça n’a pas changé !!

     

    Est-ce que vous préparez un nouveau livre ?

     

    Oui ! En ce moment, j’en écris même… cinq ! Trois sont presque finis et vont bientôt être publiés.

    Certains, je les écris seule ; d'autres, en équipe. J’écris aussi à la fois pour les enfants et pour les adultes, ce qui me permet de travailler en même temps sur plusieurs histoires différentes. C’est très rare que je travaille sur un seul livre à la fois !

     

    Combien avez-vous écrit de livres ?

     

    Environ une douzaine sont publiés. Mais j’en ai encore en réserve dans mon ordinateur… et surtout dans ma tête !

     

    Quel était votre premier livre ? A quel âge avez-vous commencé votre premier livre ?

     

    Ma première histoire, comme je l’ai dit, je l’ai inventée dans ma tête, avant de savoir écrire, donc vers 5 ou 6 ans peut-être ? Mais ça n’a rien d’extraordinaire : tous les enfants inventent des histoires en jouant…

    Le premier livre que j’ai vraiment écrit et terminé (c’était à la main et sur des feuilles, car il y avait très peu d’ordinateurs à cette époque : vous voyez le dinosaure que je suis ??)… c’était une pièce de théâtre. J’avais 17 ans, j’étais au lycée.

     

    Avez-vous choisi d’être auteur ?

     

    Oui ! J’ai choisi ce métier un peu comme on choisit d’épouser quelqu’un : on sent on fond de soi que personne ne pourra nous donner plus de bonheur, que c’est avec lui qu’on veut vivre, toute sa vie si possible. Que pour lui, et avec lui, on est prêt à accepter aussi les moments difficiles… parce qu’on veut rester ensemble.

     

    Pourquoi avez-vous choisi d’être auteur ?

     

    Je ne me vois pas (ou plus) faire autre chose.

    C’est mon rêve depuis toujours et je ferai tout mon possible pour réaliser ce rêve. Le jour où je n’écrirai plus rien, c’est que j’irai vraiment mal : il faudra s’inquiéter !

     

    A quel âge avez-vous commencé à publier des livres ?

     

    J’ai envoyé des livres à des éditeurs vers 20 ans, mais ils n’ont pas été publiés. Puis j’ai découvert que je pouvais les publier moi-même grâce à internet, mais ça c’est très récent. J’avais 35 ans environ. J’ai donc attendu presque 15 ans. Vous voyez, parfois ça prend du temps pour réaliser un rêve ! Mais justement parce que ça vous a pris tellement de temps, vous êtes encore plus heureux le jour où ça vous arrive…

     

    Quel est le livre que vous avez préféré ?

     

    Celui que j’ai préféré écrire ou celui que j’ai préféré lire ?

    En fait, j’aurais du mal à le dire. J’aime chacun des livres que j’ai écrits, un peu comme une maman aime chacun de ses enfants. Et je lis aussi des choses très différentes. Je n’ai pas vraiment de « favori ».

     

    Quel animal avez-vous préféré dans votre histoire ?

     

    Là non plus, je n’ai pas vraiment de préféré ; chaque animal de cette histoire a été choisi plutôt pour représenter un sens : la vue, le goût, l’odorat, le toucher, l’ouïe. Même pour les dessiner, j’ai pris plaisir à faire chaque dessin, mais c’est le renard qui m’a donné le plus de mal. Au début, quand je le testais sur les gens autour de moi, ils croyaient que c’était... une souris !! J’ai donc vite compris qu’il n’était pas très ressemblant et que je devais encore l’améliorer !

     

    Pourquoi avez-vous choisi le coquelicot ?

     

    Je voulais une fleur des champs de chez nous, et j’aime bien les coquelicots : pour leur belle couleur rouge, pour leur fragilité aussi. Quand vous cueillez un coquelicot pour le mettre chez vous dans un vase, il meurt… Il ne supporte pas d’être arraché à la nature.

    Quand j’étais petite, je passais aussi beaucoup de temps à aider les coquelicots à sortir leurs pétales du petit sac poilu où ils sont enfermés, en faisant bien attention de ne rien déchirer. J’adorais le moment où leur tête toute froissée s’ouvrait devant moi et se mettait à briller dans le soleil comme un vitrail.

     

    Combien de temps avez vous mis pour écrire « Le coquelicot qui se sentait tout seul» ?

     

    Je ne sais plus, quelques heures je pense. Pour cette histoire-là, ca été très vite. Mais je vous rassure : parfois ça peut me prendre beaucoup plus de temps, plusieurs années même !

     

    Est-ce que vous avez eu plaisir à écrire ce livre ?

     

    Oui ! Si un livre ne me donne pas ou plus de plaisir, j’arrête. Il y en a certains qui me donnent du mal, sur lesquels je m’énerve, mais si j’ai encore envie d’avancer, je continue, j’insiste. Parfois, je fais une pause et je les reprends après. Mais à part si je n’ai pas le choix, par exemple si c’est une commande que je dois finir pour une date précise, je ne me force pas à écrire.

    Cette liberté est très très importante pour moi. D’ailleurs, si je me force, en général je le sens dans ce que j’écris : c’est raté, je n’aime pas le résultat.

     

    Comment avez-vous écrit ce livre ?

     

    J’avais rencontré Don Marcelino, à qui ce livre est dédicacé, et passé une semaine complète avec lui. C’est un Indien qui explique aux Européens comment les Indiens d’Amérique vivent avec la nature, depuis très longtemps. Ils pensent que les animaux, les plantes et même les pierres, ou la pluie, ou le vent, ou le soleil, sont des êtres vivants, avec qui on peut parler, et qu’on doit traiter avec respect. Pour eux, la Terre est comme une mère qui s’occupe de nous et qu’on ne doit pas blesser. J’étais d’accord avec cette façon de voir la nature et j’ai eu envie d’écrire une histoire pour dire un peu la même chose, une histoire que pourraient lire aussi bien des enfants que des adultes, un peu comme celle du « Petit Prince », que vous connaissez peut-être.

     

    Vous êtes allée dans combien d’écoles pour parler de votre livre?

     

    Une en France (la vôtre), une en Belgique et trois au Luxembourg. Pas beaucoup d’écoles, mais déjà beaucoup de pays !

     

    Aimez-vous les interviews ?

     

    J’aime rencontrer des enfants et parler avec eux de ce que je fais, que ce soit directement en classe ou par écrit.

     

    Est-ce que c’est votre vrai travail ? Est-ce que vous avez un autre travail ? Vous êtes contente de votre métier ?

     

    Avant, j’avais un autre travail, qui était déjà en rapport avec les enfants et les livres. Je n’écrivais que dans mon temps libre, c’était un loisir.

    Maintenant, je n’ai plus d’autre travail que celui-là, et même si par moments, c’est difficile, je l’aime, oui, et je pense que j’aurais beaucoup de mal à faire autre chose, sauf si je n’avais pas le choix. Parce que c’est vraiment pour ça que je me sens faite.

     

     

     

    Et puis toute une série de questions plus personnelles (!) :

     

     

    Quel est votre vrai nom ?

     

    Le nom d’une fête que beaucoup de gens aiment.

     

    Quel est votre prénom ?

     

    Sylvie, qui veut dire « forêt ». Je l’aime et je l’ai gardé.

     

    Quel âge avez-vous ?

     

    Le même que votre maîtresse, plus un trimestre.

    Et je suis sûre que si vous demandez à votre maîtresse quel âge elle a, elle va vous répondre : « Le même âge que Sylvie Ptitsa, moins un trimestre ! ». Essayez, vous allez voir !

     

    Où habitez-vous ?

     

    Au Luxembourg, dans un tout petit village où il n’y a même pas de boulangerie, mais une super école avec un château-fort en bois dans la cour. Pourtant je suis française, et même lorraine, comme vous. Je ne vis à l'étranger que depuis 2005.

     

    Est ce que vous avez un enfant ? Est-ce que vous avez un mari ? Comment s'appellent votre fils et de votre mari ?

     

    Mon mari s’appelle Frédéric et mon fils Lilian. Vous voulez aussi le prénom de son doudou et la plaque d’immatriculation de la voiture ?

     

    Est-ce que vous avez une maison ?

     

    Non, on vit dans un appartement. 

      

    Vous avez des animaux ?

     

    J’ai deux chats, qui s’appellent… Cata et Strophe ! Mais comme j’en avais marre qu’ils fassent leurs catastrophes chez nous, surtout que mon fils s’était joint au club, on les a envoyés passer des vacances chez les grands-parents, qui vivent à la campagne.

    Et comme tout le monde était très heureux ainsi, en fait ces vacances ne se sont jamais terminées et ils sont restés vivre là-bas, pour le plus grand bonheur de tous… !!

     

    Vous faites quoi de votre vie ?

     

    Je fais… de mon mieux ! 

     

    C’est une très bonne question je trouve, on devrait plus souvent se demander ce qu’on est en train de faire de sa vie. Quand j’étais jeune, j’ai eu un grave accident de voiture où j’ai failli mourir. Ca m’a appris que la vie pouvait s’arrêter très vite et que je ne devais pas la perdre à des trucs sans importance. Depuis, j’essaye de m’en souvenir et de vivre chaque moment à fond.

     

    Posez-vous de temps en temps cette question : « Si je savais que je vais mourir demain, qu’est-ce que je ferais aujourd’hui ? »… Vous verrez… après, on ne vit plus de la même façon.

     

     

     

    Printemps 2011

     

     


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