La Lutiniere

Blog du site www.sylvieptitsa.com

Publié le par *Sylvie Ptitsa*

 

Chers tous,

merci pour votre fidélité à "La Lutinière".

Ce site vient de changer de plate-forme technique et n'existe plus tel que vous l'avez connu. Les articles sont mélangés, mal cadrés, parfois illisibles... bref, tout est à refaire.

Je ne sais pas si j'aurai la patience de déménager une seconde fois ma Lutinière. Je l'avais fait en 2015 pour les 350 articles environ qu'elle hébergeait ; ce travail de fourmi m'avait pris des mois. Ils sont aujourd'hui plus de 900... Retrouvez ici la liste des dernières publications.

En attendant que je décide de la meilleure solution, vous pouvez utiliser cet autre site (ci-dessous); il n'est pas encore tout à fait fonctionnel, mais en tout cas plus convivial que celui où vous vous trouvez actuellement.

C'est donc là-bas que je vous donne rendez-vous, au moins provisoirement, le temps de déplacer mon refuge et de vous y proposer un accueil chaleureux. Les accès protégés par mot de passe (partie "Créations en cours") restent les mêmes, il faut seulement enlever les espaces entre les mots ("l'espace de tous les possibles" devient par exemple : " l'espacedetouslespossibles "). J'espère vous y retrouver bientôt !

 

https://www.sylvieptitsa.com

 

Merci de votre fidélité.

La lutine en transit.

 

 

 

PS : L'an dernier, jour pour jour (08.12.23), je vous présentais ma nouvelle collection de marque-page carrés "La vie en rose". Beaucoup ont été vendus, mais il m'en reste quelques-uns et j'en ai refait d'autres avec un fond noir. Des exemples en photo ici. Ils coûtent 10 euros pièce. Si vous voulez en offrir pour Noël, contactez-moi, je vous enverrai des photos pour choisir les vôtres !

 

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Publié le par *Sylvie Ptitsa*

(c) Sylvie Ptitsa, tous droits réservés - Extrait d'une illustration pour mon prochain album pour enfants : "Seize millions d'étoiles"

 

L'infolettre des Editions Pour Penser m'a offert une nouvelle pépite. Comment résister à l'envie de partager avec vous cette histoire née sous la plume d'Aline de Pétigny, encore plus en cette période l'Avent où nous devrions tous, selon moi, nous activer à nous ouvrir le coeur plutôt qu'à courir les magasins comme des hystériques ? Mais je ne vais pas jeter des pierres à mon tour, et, si j'en ramasse, ce sera seulement pour créer de jolies choses, comme avec mes perles. Yannis, Aline, je vous laisse la parole...

 

 

Le petit coin de cœur.
A John et Anne

Il était une fois un petit garçon qui aimait la Paix, comme tous les enfants.
Il aimait les pieds dans la rivière, regarder les arbres jouer avec le vent et le soleil.
Il aimait les mains dans la terre, planter, semer et regarder s'épanouir la nature.

 

Son papa lui disait souvent :

- Tu es un homme mon fils ! Et un homme c'est fort ! Ça n'a peur de rien !

Yannis écoutait, convaincu que son père, puisqu'il était son père, avait raison.

Il l'aimait son père et le tenait en haute estime et se répétait :

- Je suis un homme et un homme est fort et n'a peur de rien !

Tout en se disant cela, Yannis savait bien que ce n'était pas vrai.

Régulièrement, le jour ou la nuit, au coin du bois ou dans la rue, il rencontrait la peur.

Elle se tenait là, tapie dans l'ombre et surgissait prête à lui sauter dessus.

Alors, Yannis se rappelait les mots de son père :
«Un homme est fort et n'a peur de rien !»

Et soudain, il se gonflait de courage et, ne sachant que faire face à cette peur, il jouait à l'homme fort qui n'a peur de rien :

il fronçait les sourcils,
durcissait sa bouche,
serrait les poings
et fermait son cœur.

 

La peur ne rentrerait pas en lui, il était un homme !
Et son père serait fier de lui !

Après quelques coups de poings, après quelques mots méchants et blessants,
Yannis se disait : voilà, je suis un homme fort qui n'a peur de rien !

Et son père était fier de lui.

Yannis grandit, les poings serrés, le cœur fermé.

Il avait peu à peu arrêté de regarder les arbres les pieds dans l'eau, jouer avec le vent et le soleil, et s’il avait les mains dans la terre c'était pour y ramasser des cailloux et en faire des armes.
Il serait bien devenu jardinier, mais un jardinier n'est pas fort et a peur des limaces lui disait son père.

Alors Yannis, fermant son cœur à ses envies, devint soldat.

Il devint un très bon soldat, meneur d'hommes, comme disait son père !

Il était fort, personne n'osait le contredire, tout le monde avait peur de ses poings et de ses mots.

Son père se gonflait d'orgueil et disait, fier de son fils :

C'est un homme ! Il est fort et n'a peur de rien !

Mais Yannis se trompait, ainsi que son père.

Les peurs de Yannis étaient là, bien présentes en lui.
Elles avaient trouvé refuge dans ses yeux.
Elles s'étaient tapis là, rendant le regard de Yannis sombre et dur à la fois.

L'histoire aurait pu s'arrêter là. Yannis aurait pu être soldat toute sa vie les poings serrés et le cœur fermé.

Mais un petit coin de son cœur avait refusé de totalement se fermer.
Ce petit coin de cœur attendait patiemment, depuis plusieurs années, le moment propice pour s'ouvrir.

Il ne voulait pas s'ouvrir, n'importe quand, n'importe comment, car il risquait alors d'être fermé à jamais.

C'est par un jour de soleil, près de la rivière qu'il décida de s'ouvrir tout doucement.

Yannis, les pieds dans l'eau, choisissait des cailloux. Il connaissait son métier et savait que les cailloux que la rivière avait arrondis, adoucis, ces cailloux, lourds et ronds, se calaient bien dans sa main et devenaient alors des armes redoutables.

A quelques mètres de lui, une fée vint s'asseoir, glissa ses pieds dans la rivière et ses mains dans le courant et se mit à choisir des cailloux.

Elle regarda le tas près de Yannis.
- Je vois que tu jardines toi aussi ! dit-elle en souriant.

Quand le petit coin de cœur vit ce sourire, il sut que le moment était venu pour lui de s'ouvrir.

Les yeux de Yannis, ces yeux qui cachaient ses peurs et qui à force de refléter la douleur ne savaient plus voir, ces yeux s'illuminèrent l'espace d'un instant.

- Non, et toi ? Vas-tu te battre ? dit Yannis en regardant les cailloux de la fée.

La fée pencha la tête comme l'aurait fait un oiseau.

Elle se leva, s'approcha de Yannis.
- Je vois dans tes yeux, la peur et la douleur, la souffrance et l'inquiétude. Tu devrais jardiner, cela te ferait le plus grand bien. Suis-moi.

En d'autres temps, Yannis aurait remercié la fée et l'aurait invitée à passer son chemin.
Mais le petit coin de cœur s'était ouvert…
Il suivit donc la fée, sans poser de question, mais emporta avec lui ses cailloux.

- On n'est jamais trop prudent, se dit-il.

Tout en marchant, il réfléchissait. Il avait beau se rappeler toutes ses notions de jardinage, il ne comprenait vraiment pas à quoi pouvaient servir des armes dans un jardin.
Peut-être à tuer les limaces, se dit-il.

Quand il arriva dans le jardin de la fée, il eut l'impression d'être chez lui, enfin.

Le petit morceau de cœur, heureux d'avoir patienté, s'ouvrit totalement, créant en Yannis un tel choc, que celui-ci suffoqua presque !

C'est du côté des yeux que l'effet se fit sentir tout d'abord.

La peur quitta les yeux de Yannis pour tomber au beau milieu des anémones.

Il regarda alors ce qui l'entourait d'un regard clair et confiant et comprit que les cailloux ne servaient pas à tuer.

Etonné de ce nouveau regard qu'il posait sur chaque chose qui l'entourait, il posa là sa force, accueillit ses peurs tombées à terre, se pencha, posa ses cailloux un à un et comme la fée, et en fit des dessins.

Puis, comme elle, prit les plus fins cailloux que la rivière avait percés, les attacha aux branches d'un olivier pour que le vent puisse les faire chanter.

Son cœur se mit à battre plus vite, plus gai.

Ses poumons, son ventre eurent envie de respirer comme ils ne l'avaient pas fait depuis bien longtemps.

Sa bouche se mit à s'ouvrir, à sourire. Sa gorge se mit à chanter pour accompagner le chant du vent. Son dos cessa de porter et se redressa.

Alors Yannis pensa à son père.
- Suis-je faible de n'être pas fort les poings serrés ? demanda-t-il à la fée. Suis-je faible d'avoir peur certaines fois ?
- Les choses ne sont pas toujours ce qu'elles paraissent être. Tout dépend des peurs qui hantent le regard de celui qui les voit.

Yannis se rappela des peurs blotties dans les yeux de son père et comprit.

Puis la fée prit une craie et écrivit dans son jardin : 
je m'aime
je t'aime
je sème.

Alors, paisibles, ils prirent des graines et là où il n'y avait pas encore de fleurs, semèrent tendrement.

Aline de Pétigny

 

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