Publié le
par
*Sylvie Ptitsa*
Entre ombre et lumière |
|
Tous là. Vous êtes tous là. J’attendais de vous avoir tous réunis autour
de moi. J’attendais que le cercle se ferme. Complètement. J’attendais votre accord… Certains ne me l’ont pas donné, je sais. Ils n’étaient pas prêts. Ils ne l’auraient jamais été… Je ne
pouvais plus différer mon départ. Depuis longtemps déjà, les ombres m’entouraient. Elles me rendaient visite en alternance avec les vôtres, parfois à vos côtés. Souvent, je ne distinguais
plus avec qui j’étais, et vous croyiez que je délirais. J’oscillais entre deux mondes. Je ne m’étais pas encore abandonné au courant, je naviguais entre deux rives, floues tour à tour,
quelquefois en même temps… alors, je ne savais plus du tout où je me trouvais. Lorsque je me sentais le plus perdu, les ombres m’appelaient. Comme une musique au loin dans le brouillard. En
fait d’ombres, elles étaient plus rayonnantes que la pleine lumière. Des soleils qui n’éblouissent pas. Je me souviens d’un poème… « Cette obscure clarté qui tombe des étoiles ». Côte à
côte, vos visages et les leurs se mêlaient dans un clair-obscur mouvant, en d’indéchiffrables surimpressions. Vos traits tirés, vos yeux rougis, vos bouches tristes, vous donnaient un teint
d’étoiles ternies. Je ne savais comment vous dire de ne pas me pleurer. Je ne sais toujours pas comment vous le dire. Les Rayonnants m’ont dit que ce temps vous est nécessaire, qu’il est
vital de ne pas l’occulter, de le laisser s’exprimer. Je ne souffre plus. Mon corps est léger. La douleur m’a affranchi, elle n’était qu’une pelure, c’est vous qu’elle entraîne maintenant
par le fond comme une vieille écorce gonflée d’eau. Elle stagne au fond de vos souvenirs et vous aimante vers le bas. Après votre deuil, j’espère que nous pourrons nous sourire à nouveau.
Je vous aimanterai vers le haut. Dans « aimanter », il y a « aimant ». Laissez-moi vous attirer vers moi, en vous « aimant » plus fort que ne l’est aujourd’hui votre
chagrin.
© Sylvie PTITSA, 20.12.2012 Texte placé sous copyright
|
Commenter cet article
L
H