La Lutiniere

Blog du site www.sylvieptitsa.com

Publié le par *Sylvie Ptitsa*

 

 

 

Je suis un OVNI. On en rit dans ma famille où c’est même un de mes surnoms. Beaucoup de mes choix de vie sont incompréhensibles pour la plupart des gens et je sais pourquoi : j’ai plusieurs fois côtoyé la mort. Cette expérience particulière a intégralement fait basculer mon référentiel. Quand on a failli perdre la vie, on connaît le prix de chaque instant. La hiérarchie des priorités, l’ordre des valeurs, ne sont plus les mêmes.

 

Je suis un peu semblable à ceux qui ont vécu une NDE et qui en reviennent complètement transformés. Je ne suis pas revenue avec un message mystique à transmettre. Je n’ai pas traversé un tunnel au bout duquel j’ai rencontré des êtres de lumière. J’ai plutôt traversé un tunnel plein d’illusions et d’ombres, les miennes. Au bout de ce tunnel, j’ai rencontré une évidence : la vie est précieuse. La vie est un cadeau inestimable. Il n’est plus possible pour moi d’en gaspiller une seule miette. Il n’est plus possible pour moi de renoncer au bonheur ou de me l’interdire une seule seconde.

 

Oh, j’ai bien essayé, une fois sortie du tunnel, de réendosser mon référentiel d’avant. Mais c’était impossible. Plus rien ne faisait sens. L’urgence de vivre primait sur tout. L’urgence de respirer à pleins poumons brûlait mes auto-limitations dans une combustion spontanée.

 

De là où j’en suis aujourd’hui, je vois le bonheur comme une source.  Elle coule partout, tout le temps, de manière ininterrompue. Elle est à disposition de tout et de tous, à volonté. Selon notre système de croyances, nous installons sur cette source différents types de robinets. Certains vont opter pour le mitigeur avec douchette, d’autres pour le débit à flux réduit pour faire des économies, d’autres encore choisiront le goutte à goutte. Certaines personnes bloquent même complètement le flux et rien ne me rend plus triste que de les entendre dire d’une voix résignée « Je n’ai pas le temps » ou « Je n’ai pas droit au bonheur ». Car en effet, si telle est leur croyance (leur robinet), c’est ce qui va se manifester dans leur vie : la frustration, la déception et l’amertume.

 

 Fuite de votre robinet ? Que faire ? - Maison Actuelle Et Travaux Santé ...

 

 

Mon père est mort l’année de sa retraite, après avoir travaillé toute sa vie comme un forçat. Il ne reste rien de ce qu’il a bâti : ni la maison, qui a été vendue, ni son oeuvre, qui est oubliée. Où est le sens d’attendre le week-end , les vacances ou la retraite pour être heureux ? Je peux mourir demain. Je veux être heureuse maintenant, intensément, tout le temps.

 

Cela ne signifie pas que je mène une vie inconsciente, oublieuse de toute responsabilité. Au contraire, je crois pouvoir dire que je suis capable d’autodiscipline, d’effort et de structure quand c’est nécessaire. Simplement, je ne veux pas en fournir plus que ceux nécessaires. Et même quand j’en fais, j’essaie de les mobiliser dans la joie et la légèreté plutôt que dans la ronchonnerie et la résignation. C’est un peu mon exercice quotidien. Alléger l’irrespirable. Rendre fun le chiant. Kiffer chaque instant. Même les embouteillages, même la paperasse, même le ménage, même les contrariétés du quotidien. Je veux réussir à aimer et à savourer la vie dans tout ce qu’elle est. Autant vous dire que je suis encore loin d’avoir atteint l’objectif. Peu m’importe : je profite du voyage sans avoir besoin d’atteindre le but.

 

Je n’ai pas la prétention que ma vision de l’existence soit plus juste ou meilleure que ceux qui ont des robinets fermés ou compte-goutte. Je constate seulement que je dégage plus d’optimisme, que je me faufile plus facilement entre les difficultés de l’existence et qu’on me renvoie souvent que je suis « une bouffée d’air frais, un rayon de soleil ». Ce n’est pas moi qui le dis. C’est ce que j’entends.

 

Je ne suis pas plombier et je sais qu’on ne peut pas ouvrir son robinet à la place de quelqu’un d’autre : c’est même dangereux, ça risque de déstabiliser l’ensemble de son référentiel. On peut lui montrer où est le filtre qui limite le flux, mais au final, la décision d’ouvrir ou fermer la valve lui appartient.

 

J’ai choisi d’être heureuse à temps plein et je ne reviendrai sur cette décision pour rien au monde. Là où d’autres n’ont pas le temps pour s’amuser ou se faire plaisir, je n’ai pas le temps pour cultiver l’amertume, la frustration ou la résignation. Elles sont mauvaises pour ma santé. Je les ai bannies de ma vie, au même titre que le tabac et les hamburgers.

 

On me demande souvent quel est le secret de ma bonne humeur, ou on me l’envie. J’aime répondre avec Charles Trenet que « Le bonheur est un coup de dés, mais la bonne humeur est une discipline. » Et celle-là, je vous assure que je m’y exerce chaque jour avec assiduité.

 

Je vous souhaite une vie avec des robinets à la mesure de ce que vous vous souhaitez. Si vous êtes heureux, c’est le meilleur signe que vous avez trouvé le bon débit. Je ne réussis pas encore à boire tous les jours à la source. Mais je reste consciente qu’elle coule, pour moi et pour tous, constamment, gratuitement, infiniment.

 

 

Robinetterie

Photo : Willy PIERRE

 

L'eau croupit quand elle stagne

et fertilise quand elle coule.

L'amour aussi.

  

Gilbert CESBRON

 

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C
Merci pour ce merveilleux partage .Riche en mot, riche en émotion à la hauteur de qui tu es .Encore merci
M
Merci ma lutine magique pour ce partage intime qui réjouit mon coeur et éclaire ma route.<br /> Encore une pépite d amour, d humour ,profonde et légére.<br /> Quel bonheur de te lire à livre ouvert!

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